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25 novembre 2009 3 25 /11 /novembre /2009 00:45
J'ai vaincu ! Voici :



 

La grande mêlée met en scène un fantasme. Femmes mêlées, mélangées, dont les croupes, que j’observe nettement plus claires du reste de la composition, attirent et fixent le regard.
On croit avoir affaire à plusieurs femmes, en réalité, c’est la même qui se décuple sous plusieurs angles. L’artiste Molinier sans doute voulait-il capturer toutes les facettes d’une femme, retranscrire une vision globale, fantasmée, comme dans un rêve. Et que dire de toutes ces jambes sinon qu’il s’y attarde longuement, elles sont sculptées, musclées, mais cachées. Ainsi les bas et les porte-jarretelles jouent sur cette notion du caché dévoilé. On cache, on suggère, on attrait le regard mais on ne montre pas. C’est là une problématique phare de l’érotisme, ce jeu de perception de l’autre, l’œuvre érotique doit engager fondamentalement le corps dans sa représentation. Mais comment ? Où est la part du vulgaire, où celle de la pornographie ? Justement dans ce couple du caché-dévoilé. Molinier propose une représentation de la femme, érotisée et personnelle, faite de sa propre iconographie, il se crée donc un langage érotique sur ses propres fantasmes, ou, du moins, sur des fantasmes largement partagés. Cependant, on ne peut parler ici de véritable fétichisme à l’égard des jambes ; l’artiste n’est pas concentré sur les jambes elles-mêmes, elles participent à un tout, elles forment une image mentale qui se construit par étape. Et on observe cela dans la composition de l’ensemble. Si au premier abord l’œuvre semble être fouillis, elle n’en est pas moins construite avec une mise en scène précise. Par exemple, le regard est dirigé vers le milieu : chaque pied, chaque jambe amène au centre, ce sont des lignes directrices. Et quand j’observe bien, je me rends compte que toutes ces jambes sont le passage par lequel l’œil glisse pour atteindre le sexe féminin. Pourquoi donc ne pas exposer clairement le sexe des femmes ? Parce que les jambes sont un élément majeur sur lequel Molinier veut s’attarder. Il en abuse, jusqu’à l’excès. Si l’artiste a disposé minutieusement des jambes, des fesses et des têtes c’est pour former un tout, une femme à part entière. Alors il y a une particularité troublante dans cette œuvre : ces femmes n’ont pas corps ! Pas de ventre ni de poitrine, pas de cœur, pas d’entrailles : Molinier met en lien direct la tête et le sexe, en niant totalement le buste. Idéal plastique ? Toutes ces jambes sont en fait une abondance de chairs cachées : c’est une gourmandise, il en veut plein, partout, dans tous les sens, comme pour se gaver du sucre qu’il préfère. D’ailleurs, observons l’arrière plan du photomontage, n’est-ce pas une bouche sur le point d’engloutir le corps des femmes ? N’est-ce pas le rêve ou le fantasme de Molinier et d’autres, de pouvoir dévorer et faire l’amour à plusieurs femmes en même temps ?

 

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